Je suis un artiste, un entrepreneur et une militante en situation de handicap. Je suis quadriplégique, vivant avec une paralysie cérébrale, et j'habite à Elk Ridge, en Saskatchewan, sur le territoire du Traité 6. Je suis étudiante en troisième année et je prépare un baccalauréat en études sur le handicap à l'Université métropolitaine de Toronto et, comme la plupart des étudiants universitaires, il est difficile de joindre les deux bouts. Voici mon point de vue sur ce que signifie être une étudiante universitaire handicapée vivant des prestations provinciales d'invalidité et de la nouvelle Prestation canadienne pour les personnes handicapées.
Comme beaucoup de personnes en situation de handicap en Saskatchewan, je suis tributaire du Saskatchewan Assured Income for Disability (SAID). Cela signifie que je vis avec à peine 30 à 40 $ par jour, soit environ la moitié du seuil de pauvreté officiel. Le gouvernement de la Saskatchewan m'autorise à gagner 20 $ de plus par jour avant de récupérer les prestations. La récupération signifie que mon « revenu de subsistance » sera toujours bien inférieur au seuil de pauvreté. Les personnes en situation de handicap vivent dans la crainte des récupérations gouvernementales, car elles font la différence entre vivre sous le seuil de pauvreté et vivre dans une grande pauvreté.
Personne ne le sait mieux que les Albertains en situation de handicap, dont le gouvernement a déjà annoncé qu'il récupérerait la nouvelle Prestation canadienne pour les personnes handicapées auprès des Albertains qui bénéficient de mesures provinciales de soutien du revenu pour les personnes handicapées. Les bénéficiaires de l'AISH sont tenus de demander le crédit d'impôt pour personnes handicapées et la nouvelle prestation canadienne pour personnes handicapées (200 $/mois) afin que le gouvernement albertain puisse récupérer la nouvelle prestation fédérale. Ai-je mentionné que la pauvreté des personnes handicapées est un choix politique du gouvernement ?
Contrairement à la plupart des étudiants universitaires, mon programme d'études doit être « approuvé » par le programme SAID du ministère des services sociaux afin de s'assurer qu'il mènera à l'« employabilité ». Mon programme spécifique doit également être approuvé par le programme d'aide aux étudiants du ministère de l'enseignement supérieur, qui administre les programmes d'aide financière aux étudiants pour la Saskatchewan. Voici à quoi ressemble cette expérience vécue. Au cours de mes trois années d'études universitaires, j'ai été rejeté deux fois du programme SAID, ce qui m'a laissé deux fois sans revenu. Je me suis battu et j'ai gagné pour réintégrer le programme SAID, deux fois.
Cette année, le programme d'aide aux étudiants de la Saskatchewan m'a surpris en me privant de l'accès à la Subvention canadienne pour étudiants handicapés et à la Subvention canadienne de la Saskatchewan pour les services et l'équipement destinés aux étudiants handicapés. Ces programmes ont été mis en place pour permettre à des personnes comme moi d'aller à l'université en bénéficiant d'un soutien pour leurs études. Aujourd'hui, je dois donc payer de ma poche les soutiens académiques - un tuteur, un dactylographe, un preneur de notes. Ou alors, je me prive.
Être en situation de handicap et aller à l'université est coûteux, difficile, plein d'évaluations et épuisant à gérer. J'ai constamment peur d'être exclue des programmes, parce que cela arrive littéralement tout le temps. L'approbation d'un programme ou d'une prestation s'accompagne souvent d'une réduction, d'une récupération ou d'un refus dans un autre programme ou prestation.
Le mois prochain (juin), je demanderai la Prestation canadienne pour les personnes handicapées en même temps que 1,5 million d'autres personnes en situation de handicap. J'ai contribué à la lutte pour cette prestation, me rendant même à Ottawa pour rejoindre Le handicap sans pauvreté afin de rallier les députés et les sénateurs à l'adoption du projet de loi C-22 pour créer la #PCPHdIci2023.
J'étais convaincue que la Prestation canadienne pour les personnes handicapées transformerait des vies. Je faisais du bénévolat pour Le handicap sans pauvreté afin de mener des entretiens de pair à pair avec des personnes en situation de handicap de tous âges de la Saskatchewan pour connaître leurs espoirs concernant la Prestation canadienne pour les personnes handicapées.
Je leur ai demandé ce qu'ils feraient s'ils avaient plus de revenus grâce à la Prestation canadienne pour les personnes handicapées.
Une femme voulait embaucher plus d'aides à domicile pour pouvoir prendre trois douches par semaine, au lieu de deux.
Un lycéen voulait déménager dans un foyer de groupe.
La nouvelle Prestation canadienne pour les personnes handicapées est terriblement basse : 6,66 $ par jour.
Pour une étudiante universitaire comme moi, cela représente exactement 13 minutes et 12 secondes par jour avec une dactylo parce que le gouvernement provincial a supprimé le financement de mes aides universitaires.
Tels sont les espoirs des résidents de la Saskatchewan qui vivent quelque part entre le seuil de pauvreté officiel et la grande pauvreté. En réalité, la PCPH ne mettra pas fin au cycle de la pauvreté des personnes en situation de handicap. Elle y contribuera. Tant que les décideurs politiques ne voudront pas réellement mettre fin à la pauvreté des personnes en situation de handicap, celle-ci persistera.
Mais voici l'essentiel. La seule façon de briser le cycle de la pauvreté liée au handicap, c'est de faire entendre notre voix. Je vous invite à faire une demande de la Prestation canadienne pour les personnes handicapées avec moi et à continuer d'insister pour que les choses s'améliorent.
Quinn Smith-Windsor et sa mère Jaimie ont cofondé The Possability Shop sur la base d'une vision commune de la création de communautés plus inclusives grâce aux arts, à l'entrepreneuriat et à la défense des droits des personnes en situation de handicap.
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