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17 juin, 2021

Un supplément à l’autonomie, une façon digne de sortir de la pauvreté

Selon Statistique Canada, 6,2 millions de Canadiens vivraient avec un handicap. Ces personnes sont plus à risque de vivre dans la pauvreté – le pourcentage atteint un impressionnant 30 % – en raison des barrières sociales auxquels elles font face, dont la discrimination et le manque d’accès à l’éducation et à l’emploi. Les programmes sociaux sont aussi très protecteurs. Tout dépendant du handicap, Statistique Canada note un niveau d’emploi allant de 40 à 59 % chez les personnes handicapées, alors qu’il est de 80 % dans le reste de la population.

Et encore, les personnes handicapées ayant des emplois seraient en fait sous-employées, gagnant moins d’argent et ayant moins d’occasions d’avancement. Le coût engendré par un handicap, même modéré, peut être significativement élevé. Par contre, il faut penser que la pandémie a affecté négativement et de façon disproportionnée les personnes handicapées. Ce groupe reste désavantagé en regard des Objectifs de développement durable.

Pour répondre aux enjeux qu’affrontent depuis longtemps les Canadiens handicapés, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un Plan d’action pour l’inclusion des personnes handicapées, ainsi que celle d’un Groupe consultatif sur la COVID-19 en matière des personnes en situation de handicap. Ceci, pour le guider dans ses actions, qui devront être alignées avec la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées et la Loi canadienne sur l’accessibilité.

Un membre de l’organisme Disability Action Hall s’exprime : Nous espérons que l’Allocation canadienne à l’autonomies des personnes handicapées nous aidera à nous débarrasser des tracasseries administratives, qu’elle protégera la dignité des Canadiens handicapés en ne les forçant plus à donner constamment la preuve de leur invalidité et de leur situation précaire, et qu’elle permettra d’étendre la définition du handicap comprise dans la Loi canadienne sur l’accessibilité
.

Disability Action Hall est un organisme militant situé à Calgary, en Alberta. Partant du fait que près de 50 % des Calgariens vivant dans la pauvreté ont au moins un handicap, l’organisme s’est rendu compte que le handicap est souvent quelque chose de caché, ou alors de sous-diagnostiqué, en raison de la difficulté pour les personnes à documenter leur statut et à expliquer le recours à des tests médicaux onéreux. S’ajoutent aussi la complexité des processus administratifs, les barrières communicationnelles et la pauvreté des infrastructures, qui ne semblent jamais conçues pour faciliter la vie quotidienne de ces personnes.

À Calgary, l’expérience positive prend racine dans des initiatives tels le tarif de transport en commun pour personne à faible revenu; le système d’entrée dans le réseau est aussi très équitable. Ces acquis ont été possible parce qu’on s’est posé des questions cruciales : est-ce que le service ou le soutien est disponible et accessible (facile à demander et à recevoir)?, est-ce qu’il répond aux besoins des gens? Est-ce qu’il y a un risque que, le recevant, la personne soit pénalisée ou que son accès à d’autres allocations soit compromis? Est-ce que le processus prévoit un monitoring et une amélioration continue? Et, très important, est-ce que le service ou soutien est pensé par les personnes elles-mêmes concernées?

La création de programmes, de politiques et de structures qui soient accessibles, inclusives et complémentaires se fait à chaque palier de gouvernement. Aussi, tant les organismes locaux que nationaux ont leur rôle à jouer pour mieux faire entendre la voix des personnes handicapées voulant contribuer à ce travail.

Les personnes handicapées, comme tous les Canadiens, méritent de vivre dans la dignité. Un travail fait localement pour bâtir des communautés plus accessibles et inclusives, combiné à l’implantation intelligente d’une Prestation canadienne pour les personnes en situation de handicap tracera certainement la voie à un handicap sans pauvreté.

Je remercie Colleen Huston (Disability Action Hall) Laura Cattari (Hamilton Poverty Roundtable) pour leur contribution à cet article.

Article diffusé avec permission du Tamarack Institute

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